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Photo du rédacteurArmand de Lima

Chroniques du mont Saint-Clair : Armando de Lima ou la noblesse du coeur

Depuis qu'il "voit" avec son cœur, Armando de Lima peint les fragrances exhalées par les vins les plus prestigieux du monde. Une maladie génétique orpheline rare, la "maladie de Best" affectant sa vision centrale depuis l'enfance, a fait de lui un synesthète des plus particuliers. Son cerveau, associant plusieurs sens, lui permet de "voir" les odeurs. "ça n'arrive qu'aux meilleurs" dit-il avec humour évoquant le nom de sa maladie. D'origine portugaise, Armando est né en Bourgogne, en plein cœur viticole. "Tombé" dans la marmite du domaine familial, il était naturellement destiné à y travailler avec son père. Mais à 14 ans, il part faire des études supérieures de commerce à Paris. 10 années parisiennes plus tard, à la direction de 40 magasins sous l'enseigne "le repaire de Bacchus", la vie et son lot d'évènements parfois lourds ouvriront à Armando un chemin de résilience vers le Sud. Après Narbonne, Sète, en doux rappel de l'enfance, est devenue le port d'attache de cet homme profondément sensible. "Sète n'est pas encore une station balnéaire. Il faut la préserver. Elle a la couleur de l'Italie, l'odeur du muguet et du jasmin d'Athènes ou Lisbonne. C'est bohème, capiteux et enivrant ! " Rattrapé par sa maladie oculaire, il abandonne d'abord les 100 000 km annuels d'un métier passionnant mais dévorant et révise la totalité de ses objectifs professionnels et personnels. "Quand on laisse un salaire de 10 000 euros par mois, on relativise" s'amuse t-il. Brutale et obligatoire, cette "pause" a pourtant remis au goût du jour un don enfoui : la synesthésie. Ainsi, Armando s'est remis au dessin, à la peinture, au graphisme et au webdesign, au point de se lancer en qualité d'artiste peintre et web designer. Inspirée par le "parfum" des vins, sa "vision" lui permet de peindre au souffle, au sèche cheveux et à l'émotion, des volutes pourpres ou minérales selon la nature des vins, en activant sa mémoire olfactive. Grâce à cette pratique, certains vignerons lui ont demandé de créer les étiquettes de leurs bouteilles. "Si je devais mettre bout à bout la valeur de tout ce que j'ai goûté, je serais plus que millionnaire". Invité dans les plus grands châteaux, il a eu la chance de goûter des vins que peu de personnes connaissent. "Certaines notes et couleurs ne changent pas, mais si le vin vieillit, il fait évoluer ses arômes. Cela ne produit pas le même tableau". Sortir un livre et peindre les 50 plus grands vins du monde sont les prochains objectifs de cet homme redéfini par la résilience. "Quand on ne force pas le destin, c'est lui qui vient à nous."


Marie-Pierre ONDZAGUE NKOGO



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